Tout recommence.
Un dossier que l’on prépare méticuleusement, que l’on relit et vérifie 20 fois, que l’on poste la boule au ventre. « Tout dossier incomplet ne sera pas pris en compte. » Puis une lettre arrive un jour dans la boite aux lettres. Un papier rose bonbon, avec son nom dessus. Ce fameux papier qui vous fait devenir un simple numéro de candidat, un emplacement de table, une place dans une salle immense dans laquelle la seule chose qui tourne rond, c’est l’horloge rectangulaire aux gros chiffres rouges en haut d’un mur.
On gomme tout ce qui a pu se passer avant et on s’offre une nouvelle chance. Parce que rater, échouer, ça fait partie de la vie. C’est normal. C’est ce qui fait avancer. Il va falloir travailler des heures encore. C’est sûr. Réouvrir les cahiers déjà cornés, raturés, surlignés. Relire une écriture vieille de plus d’un an. Remettre la machine en route. Ré-actionner les mécanismes. Se plonger dans un état d’esprit qu’on a mis de côté depuis des mois. C’est un peu comme enfiler de vieilles chaussures qu’on n’a pas portées depuis longtemps. Ça met du temps à devenir confortable.
Apprendre avec concentration et intelligence. Faire un tri pertinent et personnel des informations. Réfléchir.
Au dedans, il y a des sentiments contradictoires qui se bousculent : la peur, l’angoisse, le déni, l’espoir, la joie, le défaitisme, l’envie, la détermination, le pessimisme. Tout se mélange, ça change d’une minute à l’autre, c’est lourd à porter. Mais dans le fond, si on y réfléchit bien, c’est moi qui décide tout. Cette cacophonie interne, je vais bien finir par trouver les moyens de la faire taire, si je l’ai créée moi-même.
C’est rigolo, quand-même, tout ce que la vie nous fait traverser comme épreuves pour arriver à soi.